L'opaline de " foire "

Extrait du catalogue Meisenthal de 1927 Source : Collection Musée du verre de Meisenthal.

« Opale décoré… Verre opaque imitant la porcelaine »
Extrait du catalogue Legras & Cie de 1895.
Source : Pressglas-Korrespondanz.

Les articles présentaient souvent un aspect humoristique qui ne nuisait pas à leur vocation essentiellement utilitaire.
0.1 Sucrier marqué Vallérysthal.
Réf. 3768 du catalogue de 1908. Un gland et son écureuil tenant un autre gland entre ses pattes. Cet écureuil possède des oreilles de lapin !
L 17 x l 8 x H 12 cm.
0.2 Sucrier marqué Portieux. 
Réf. 6668 du catalogue de 1914. Connu dans les quatre couleurs traditionnelles de l'opale.
Ø 11,7 x H 10 cm.

Ils étaient fabriqués en blanc, bleu, beige, vert, marbré, parfois en noir ainsi qu'en rose et en jaune, couleurs apparues ultérieurement. Les séries de couleur blanche étaient en général fabriquées en plus grand nombre que les autres.

De nombreux articles étaient peints à la main. Leur catalogue de présentation portait la mention « décoré à froid. » Malheureusement leurs couleurs altérables à l'eau s’estompent avec le temps.

Les fabricants proposaient également des pièces recuites. Les catalogues précisent « décor à chaud » (voir ci-dessous). On les reconnaît à l’excellent maintien de leurs couleurs d’origine du fait de l'inaltérabilité des composants employés.

Qu'est-ce-que "l'opaline de foire" ?

C’est un produit verrier opaque ou semi-translucide qui a bénéficié, de la seconde partie du XIXème siècle au début du XXème, d’une fabrication en grande série avec les inconvénients liés à ce type de production..
Réalisées en verre pressé moulé ou en verre soufflé dans un moule, ces fabrications industrielles ont permis aux manufactures de proposer des
prix attractifs et de toucher ainsi une nouvelle clientèle intéressée par des objets en verre opaque, peints ou non. Ceux-ci, selon leur utilisation se retrouveront dans les différentes parties de l’habitat privé, des lieux de culte ou des lieux de travail de leur acquéreurs.

Pourquoi cette appellation ?

Cette appellation récente - les catalogues de  présentation (environ 1860-1933) utilisent le terme OPALE -  pourrait être dû au fait que l’on trouvait ces articles dans les foires (entendu au sens de marché populaire) alors qu’ils étaient majoritairement présents dans les magasins d’Art  de la table.

           Appelés parfois  "opalines de bazar" ou "bazar" dans l’Est de la France, on peut penser qu’ils étaient également vendus dans ce type de magasins à bon marché.

   

Il n’en demeure pas moins qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, le goût du public ayant changé, les manufactures concernées ont bradé leur stock d’opales auprès des forains qui les ont utilisées comme lots gagnants. Ceux qui ont connus les fêtes foraines des années 1950 –1965, se souviennent  des articles opalins présents dans les baraques des stands de tir, loteries, jeux d’adresse…à  côté des traditionnels jouets en peluche et autres lots.

Pour nous c’est là l’origine de cette appellation impropre.

Voir ci-dessous l’utilisation du terme « Opale » dans les extraits de catalogues.

Extrait du catalogue Portieux de 1914. Collection privée.

Extrait du tarif de 1920 des Verreries de Portieux.

Un grand nombre de ces objets ont leur envers décoré.

Opaline de foire ou de bazar, ces créations exposées à la lumière, à condition de ne pas être trop épaisses et selon les composants * utilisés, offrent dans leur transparence un scintillement de couleurs orangées.

* Les opalines de foire fabriquées en verre dit « pâte de riz », exposées à la lumière demeurent opaques alors que les opalines de foire réalisées en demi-cristal d’opale présentent des reflets rouge-orangé.

Voir le chapitre Fabrication.

Les mêmes moules, utilisés pour la fabrication des opales, servaient à réaliser des articles transparents, blancs ou de couleur, parfois retravaillés à froid (peints, dépolis, gravés...)

De haut en bas et de gauche à droite :

Les flambeaux « Bavards » de Portieux n° 3270 du catalogue de 1894, « Soleil » de Vierzon n°3230 du catalogue de 1889, « Pochard » marqué Portieux n° 6450 du catalogue de 1914, celui marqué SV environ 1900. Sucrier « Eléphant » marqué Vallérysthal n° 3807 du catalogue de 1907. Sucrier « Bon hôtelier » marqué Portieux n° 1111 du catalogue de 1933. Beurrier « Cygne » marqué Vallérysthal n°3803 du catalogue de 1907.